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celestinmugisho
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Date de création :
16.06.2010
Dernière mise à jour :
24.06.2016

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Dieu Ecarte nous de ce qui ce passe en cote d'Ivoire

Dieu Ecarte nous de ce qui ce passe en cote d'Ivoire

 

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Samedi 18 décembre 2010 pp 56 + 57
Le candidat présidentiel Vital Kamerhe commence sa lutte contre Joseph Kabila.
Le Congo est un paradis, mais nous l’avons transforme en un enfer!
Cette semaine l’ancien populaire président du parlement Vital Kamerhe
s’est posé officiellement candidat à la présidence congolaise. La
possibilité que l’ancien confident et dirigeant de campagne de
l’actuel président Joseph Kabila dans une année peut s’appeler chef
d’état est réelle. A condition qu’il survivra la campagne dans un
Kinshasa très tendu. << Si j’ai le choix, je préfère mourir pour une
cause noble. Si je meurs pour mon pays, mon nom restera connu et
nombreux seront ceux qui sauront que je voulais lutter pour mon
people>>
Article écrit par Koen Vidal . Les photos sont de Tim Dirven.
Bruxelles, fin du mois de novembre, Vital Kamerhe nous attend au coin
de la rue des Carmélites et de la rue de Namur.  Les piétons nous
passent de façon indifférente. Car rien ne fait penser à ce que cet
homme dans une année puisse bien être le nouveau président du Congo.
Tres bien habillé, c’est vrai. Mais pas de gardes de corps, pas un
entourage arrogant et pas de voiture de service. <<Mon hôtel n’est pas
loin du cinquantenaire>>, me dit-il. << Je peux me mettre dans votre
voiture? >> Dans la voiture Kamerhe me raconte que dans 2 à 3 semaines
il déposera officiellement sa candidature à la présidence. “Mais je
reste encore discret pendant un peu de temps. Toutefois ma décision
est définitive. Rien ne va plus. Je veux foncer” Une demi-heure plus
tard Kamerhe utilise ses charmes auprès d’une serveuse d’un restaurant
italien à la place Schumann. <<Il y a trop de choix sur la carte,
mademoiselle. Je suis votre suggestion. Je vous fais confiance>>. Le
magnétophone s’allume. Kamerhe n’a pas besoin d’une question
d’ouverture. C’est lui-même qui la pose. <<Sans aucun doute vous vous
posez la question pourquoi Vital Kamerhe, l’homme qui a aidé Kabila à
venir au pouvoir en 2006, maintenant crée son propre parti et
participe aux élections présidentielles>>.
Koen Vidal :
En effet, c’est la question que j’aurais voulu poser. Pendant quelques
années vous n’étiez pas uniquement confident du président Kabila, mais
aussi son dirigeant de campagne et son collectionneur de fonds.
Pourquoi vous avez rompu avec lui?
Vital Kamerhe :
Joseph Kabila et moi nous avons deux différences de vue fondamentales.
D’abord notre vision sur ce qu’est le pouvoir est complètement
différent. Quand pour les dernières élections nous avons mené campagne
ensemble, j’étais convaincu que nous étions d’accord sur notre but
ultime: conquérir le pouvoir pour servir le peuple. Mais vite il est
devenu clair que Kabila et beaucoup d’autres dirigeants du parti
présidentiel utilisaient leur pouvoir d’abord pour s’enrichir
eux-mêmes. Ils commençaient à faire la même chose que feu Mobutu. Et
peut-être pire.
Et tant que président de la Chambre j’essayais de mettre fin à tout
cela et le parlement réussissait à fonctionner de façon de plus en
plus démocratique. Aussi bien la majorité que l’opposition pouvait
s’exprimer librement. Des parlementaires interpellaient des ministres
et faisaient des recommandations. Malheureusement le gouvernement et
la justice ignoraient tous les conseils qu’on voulait donner. Les
institutions congolaises commençaient à travailler à des vitesses
différentes : le parlement avançait, mais le gouvernement et la
justice restaient enfermés dans le passé. Et alors il y a eu le très
grand conflit entre moi et le président sur l’accord secret entre le
Congo, le Rwanda et l’Ouganda pour mener des actions militaires
communes dans l’Est du Congo. Dans cette affaire le parlement avait
été complètement ignoré. Une violation flagrante de la constitution.
Et quand j’ai dénoncé cette affaire publiquement, Kabila a fait une
pression énorme sur moi pour que je donne ma démission.
Koen Vidal :
La rupture avec Kabila est-elle définitive?
Vital Kamerhe :
En politique rien n’est définitif. Mais la rupture est un fait. Si le
parti présidentiel est prêt à changer, peut-être, dans 15 à 20 ans
nous pourrons travailler à nouveau ensemble. Et si un jour ils se
rendent compte que moi j’avais choisi la bonne voie, alors ils
pourront toujours me rejoindre.
Koen Vidal :
Mais les prochaines années nous ne devons pas nous attendre à un rapprochement?
Vital Kamerhe :
Impossible. Pour cela le bilan Kabila est trop catastrophique. Les
différences sont trop fondamentales.
Koen Vidal :
Quelle est la différence entre vous et le présidant actuel Kabila?
Quel est votre atout par rapport à Kabila?
Vital Kamerhe :
Tout abord, moi j’ai une vision pour le Congo. Je veux démontrer que
mon pays a un rôle à jouer : pas seulement pour les Congolais, pas
seulement pour l’Afrique, mais pour le monde entier. Un des exemples
que m’inspire le plus est l’ancien président brésilien Lula da Silva.
Entre le Congo et le Brésil il y a beaucoup de différences, mais il y
a aussi quelques ressemblances qui sautent aux jeux. Ce sont deux
grands pays avec beaucoup de matières premières et une forêt humide
immense. A l’instar du Brésil d’avant Lula, le Congo actuel est menacé
par toute une série de forces politiques négatives. Mais mon pays a
aussi la potentialité pour résoudre quelques problèmes mondiaux. Il ne
faut pas uniquement voir le Congo comme un drame. Il faut oser
renverser l’image actuelle et oser regarder les atouts du pays. Prenez
l’exemple du problème du réchauffement de la planète. Apres le Brésil
le Congo a la deuxième forêt humide du monde; un des poumons les plus
importants et nécessaires de la terre. Mais si nous voulons continuer
à jouir de cette forêt tropicale, évidement nous devons prendre soin à
ce qu’elle ne soit pas détruite. Pour cela il faut avoir de la
volonté politique. Encore un autre défi : dans le monde entier à
l’heure actuelle un milliard de personnes sont sous-alimentées. Les
statistiques du FAO, l’organisation de l’ONU pour l’agriculture,
montrent que le Congo dispose d’autant de terres agricoles que la
Chine  : 120 milliard d’hectares. Le même FAO a calculé que le Congo -
qui à peine a 70 millions d’habitants- est en mesure de nourrir deux
milliards de personnes. En d’autres termes : si nous prenons les
bonnes décisions, nous sommes capables de libérer la planète de le
faim. Mais maintenant nous ne réussissons même pas à nourrir notre
propre population. Quel paradoxe!
Koen Vidal :
Un autre grand problème est celui du vol des matières premières.
L’homme moyen congolais à ce moment-ci ne profite pas des bénéfices de
l’exploitation des matières premières. Comment allez-vous résoudre
cela ?
Vital Kamerhe :
Cela aussi nous devons le considérer comme une chance. Avec
l’industrialisation de pays comme la Chine , l’Inde et le Brésil, il y
a une très grande demande de plusieurs matières premières. Dans le sol
congolais il y a au moins 110 différentes sortes de minerais. Mais
c’est vrai, à l’heure actuelle cela en effet ne profite en rien aux
congolais. Notre proposition: chacun qui veut disposer de nos matières
premières, devra construire des usines pour travailler avec ces
richesses. Ces transferts de technologie ne créent pas uniquement de
l’emploi, mais engendreront aussi une situation dans laquelle nous
pourrons exporter ces matières premières, mais alors transformées, à
un prix plus élevé. A l’heure actuelle nous nous trouvons dans une
situation très bizarre : nous vendons nos matières premières pour une
bagatelle à la Chine qui les transforme en produits finis que, alors,
nous devons acheter à un prix qui est quatre fois plus élevé.
Koen vidal :
Vos idées sont magnifiques, mais comment entendez-vous les réaliser ?
L’Etat congolais maintenant est très affaibli et paralysé par la
corruption.
Vital Kamerhe :
Vous avez raison. La vision ne suffit pas. Il faut avoir aussi un Etat
de droit : une armée qui se met à la disposition du peuple et de la
protection du territoire, une force de police professionnelle, une
justice honnête, une diplomatie ferme ; bref une administration
publique saine. Si nous n’arrivons pas à développer des mécanismes
contre la corruption, au Congo rien ne changera. Dans ce contexte nous
pouvons trouver de l’inspiration dans des pays comme la suède, le
Botswana et la Namibie , où des organes forts ont été créés pour
combattre la corruption.
Koen Vidal :
Mais quelles sont les premières démarches que vous voulez entreprendre
pour domestiquer ce monstre de la corruption ?
Vital Kamerhe :
D’abord il incombe au président de montrer le bon exemple. Le chef
doit incarner ce changement. Il doit être clean et veiller à ce que
sur le plan des finances les bons choix soit faits. Cela commence déjà
très tôt : lors de la composition de son équipe. Il a besoin de
personnalités fortes, d’institutions fortes, de lois fortes et d’une
constitution forte. Quand ces affaires sont en ordre, les choses
peuvent aller vite.
Regardez le Brésil: pendant plus de cinquante ans, il y a eu une
corruption énorme. Maintenant il y a toujours de la corruption. Mais
beaucoup moins. En effet : les autorités sont en mesure de remédier
aux besoins de la population. Ce que nous voulons réaliser au Congo,
n’est pas vraiment impossible. Nous voulons remplacer les potentats
omnipuissants par un groupe de dirigeants démocratiquement élus qui
partagent l’idée que la chose publique est quelque chose de sacré,
quelque chose qu’il faut traiter avec responsabilité. Les dirigeants
congolais doivent cesser de mélanger leurs propres problèmes avec ceux
de l’Etat. Nous ne pouvons pas continuer à vivre dans cette jungle de
la corruption.
Koen Vidal :
Beaucoup de gens diront que votre vision est extrêmement utopique?
Vital Kamerhe :
Mais pas du tout. Il s’agit d’un projet réaliste et concret. J’aime
bien utiliser l’image de la locomotive forte et des wagons qui
suivent. Dans la locomotive se trouvent les machinistes qui sont
assistés par des techniciens. Le rôle de chacun est clair, tout le
monde doit collaborer. Cette locomotive tire les wagons. Le machiniste
et le techniciens doivent veiller à ce que tout le monde reste à bord
et que tous les passagers puissent arriver au terminus, aussi les
femmes et les jeunes. Inévitablement vous aurez des passages de
première et de deuxième classe. Je consente à ce que ceux de première
classe mangent du caviar, aussi longtemps que ceux de 2ème classe eux
aussi puissent voyager avec un certain confort. Pour m’exprimer de
façon claire : nous devons veiller à ce que les congolais les plus
pauvres aient aussi accès à la nourriture, l’eau, la santé,
l’enseignement, l’électricité et le logement. Ça, c’est vraiment le
minimum. Une société est habitée aussi bien par des riches, des gens à
revenu moyen et des pauvres. Les plus pauvres aussi ont droit à une
vie humaine et doivent recevoir des chances. S’ils ne le peuvent pas
faire eux même, alors l’Etat doit leur venir en aide. C’est cela le
modèle de société que je défends.
Koen Vidal :
Comment le président Kabila et son inner circle vous regardent-ils ?
Vital Kamerhe :
Le combat que je mène n’est pas un combat contre des individus, ce
n’est pas un combat contre Joseph Kabila et même pas contre son
entourage. Moi je mène un combat pour la restauration des valeurs
républicaines et morales. Pour la démocratie et contre les
institutions parallèles. C’est possible que cette lutte menace le
président Kabila et ses confidents. Mais alors cela ne serait qu’une
conséquence indirecte. Les individus ne m’intéressent pas tellement.
Koen Vidal :
Ne craignez-vous pas que Joseph Kabila considère votre initiative
comme une attaque personnelle ?
Vital Kamerhe :
Voyez, quand Lula Da Silva a posé sa candidature pour la présidence,
tout le monde voulait le bloquer. Mais cela n'a pas réussi. Pourquoi?
Parce qu'il avait le peuple derrière lui. Absolument rien ne peut
aller à l'encontre de la volonté du peuple. Je suis convaincu que
l'immense majorité des Congolais partagent mon analyse. La politique
actuelle est catastrophique: des contrats pour plusieurs milliards de
dollars sont arrangés sous la table, à gauche et à droite on donne et
on reçoit des pourboires énormes, des accords avec des entreprises
internationales sont signés un jour et le lendemain ils sont déjà
révoqués. C'est inacceptable. De cette manière vraiment on ne peut pas
gérer un état. C'est de la légèreté.

Koen Vidal :
Pensez-vous que le régime actuel veut organiser des élections
honnêtes? Et si Kabila perd, acceptera-t-il la défaite ?
Vital Kamerhe :
Il faut éviter qu'un candidat puisse s'arranger pour que le résultat
lui plaise. D'abord nous devons œuvrer pour que le président Kabila le
mois prochain ne magouille pas avec la Constitution. Ainsi il a déjà
proposé de supprimer le deuxième tour  des élections présidentielles.
Ceci signifierait que le candidat qui gagne au premier tour avec 15%
des voix, automatiquement sera président. Apparemment Kabila se rend
compte que le bilan de sa gestion est tellement catastrophique qu'il a
besoin d'une intervention chirurgicale pour pouvoir gagner. Cela a un
nom: tricherie. Une autre condition cruciale pour pouvoir organiser
des élections honnêtes, c'est que les membres de la cour
constitutionnelle ne soient pas des fidèles de Kabila. Car supposez
que Kabila perd, alors il peut contester le résultat auprès de ses
petits copains de la cour constitutionnelle.
Koen Vidal :
La situation sécuritaire au Congo est très problématique. En posant
votre candidature aux présidentielles vous prenez un grand risque
physique?
Vital Kamerhe :
C'est quelque chose sur laquelle je me fais des soucis. Mais cela ne
peut pas me décourager. C’est pour cela que je m'adresse à la force de
paix de l'ONU au Congo. Et je leur demande de veiller à ce que les
candidats aux présidentielles puissent mener leurs campagnes en
sécurité. Mais la protection de l'ONU ne sera pas suffisante.
Regardez, celui qui a peur ne pourra rien faire pour le peuple. Nous
devons avoir le courage de servir le peuple et si c'est nécessaire,
nous devons accepter le martyre.
Koen Vidal :
Mais quand même vous n'avez qu'une vie. La mort ne vous effraie-t-elle pas?
Vital Kamerhe :
Oui, j'y pense souvent et j'en parle régulièrement avec mon épouse qui
est croyante et qui prie beaucoup pour moi. Mais savez-vous, un jour
chacun de nous mourra. Un jour la mort y sera pour moi, pour Kabila,
pour tout le monde. La mort est inévitable. Peut-être elle frappera
bientôt lorsque nous allons sortir de ce restaurant. Mais si j'ai le
choix, je préfère mourir pour une cause noble. Si je suis pris
bêtement par une voiture qui passe, ma mort ne servira à rien. Mai si
je meurs pour mon pays, mon nom restera connu et beaucoup de gens
sauront que je suis mort parce que je voulais lutter pour le peuple.
Koen Vidal :
La mort du militant du droit de l'homme Floribert Chebeya au début du
mois de juin ne vous a-t-elle pas rendu plus prudent?
Vital Kamerhe :
La mort de Floribert a renforcé ma conviction. Nous devons veuiller
tous à ce que sa mort ait servi à quelque chose. Comme la mort de tous
ces autres 5 millions de congolais qui ces dernières années sont morts
à cause de la violence et de la misère. La disparition de Floribert a
été une grande perte. Nous devons l'honorer en prenant les mêmes
risques que lui. Savez-vous, moi je n'ai pas peur. J'ai dépassé les
cinquante, j'ai vécu, mon enfant cadet a 11 ans. Comme chaque être
humain je veux vivre encore longtemps et je ne vais pas me dérober à
mes obligations familiales. Mais je dois reconnaître que ma décision
de participer aux élections présidentielles était aussi une décision
de m'éloigner de ma famille. Ma famille maintenant est devenue la
nation congolaise. C'est de cette façon aussi que je l'ai raconté à ma
femme et mes enfants : « Il ne faut jamais m'oublier mais de temps à
autre vous serez bien obligé de m'oublier, car désormais je
n'appartiens plus seulement à vous autres. Je dois lutter pour mon
pays ». Je sens cela fortement comme un appel. J'ai le sentiment que
les prochaines années je peux jouer un rôle pour le Congo et je vais
prendre cette responsabilité.
Koen Vidal :
Mener une campagne dans un pays géant et en désordre comme le Congo
doit coûter une fortune. D’où viennent vos fonds ?
Vital Kamerhe :
Je n’ai pas un group de riches millionnaires puissants derrière moi.
Mais ce qui est vrai, c’est que de plus en plus de Congolais
apprennent que je participe aux élections et ceci accélère très
fortement la collecte de fonds. Uniquement les dernières semaines des
milliers de gens se sont affiliées à mon parti : 150 000 membres à
Kinshasa, 37 000 à Bukavu, 35 000 au Katanga, 40 000 au Bas-Congo, 17
000 au Kasaï. Toutes ces personnes ont acheté une carte de membre et
paient une contribution. On peut comparer cela à la façon dont Barack
Obama a demandé à des millions de petites gens d’appuyer sa compagne.
Chez moi évidemment il ne s’agit pas des mêmes sommes, mais toutefois
c’est un début important. Je ne veux pas me venter, mais tout
observateur ne peut pas ne pas constater que quelque chose de spécial
est en train de se passer. Je viens de déposer ma candidature, mais ma
compagne se trouve déjà lancée. Mes supporters spontanément commencent
à faire confectionner des T-shirts avec ma photo, en autre de leur
contribution de petites gens donnent un peu d’argent. Le problème
évidemment est que le président Kabila dispose de millions et de
millions de dollars : des moyens personnels et l’argent de l’Etat. Il
peut distribuer des T-shirts, de la bière et beaucoup d’autres cadeaux
à la population. Nous n’avons pas l’argent pour faire cela et
d’ailleurs nous ne voulons pas faire de telles choses. Au contraire :
nous voulons mettre radicalement fin à cette façon de mener campagne.
Dans notre campagne nous allons demander d’émettre un vote utile. Et
nous allons faire un grand effort pour que les gens sachent très bien
que le vote est secret et qu’aucune corruption, de la part de
n’importe quelle personne, ne peut être efficace. ‘’Acceptez tous les
cadeaux de nos concurrents, sera notre message, mais une fois que vous
serez dans la cabine de vote, personne ne pourra vous contrôler. Alors
votez utile, votez pour nous’’.
Koen Vidal :
Les derniers mois vous avez forgé une alliance avec d’autres
dirigeants de l’opposition comme Etienne Tshisekedi et Jean Pierre
Bemba. Quel est le but de cette alliance ?
Vital Kamerhe :
Avec ce triangle nucléaire Tshisekedi-Bemba-Kamerhe nous pourrons
obtenir des scores élevés dans beaucoup de régions du pays. Tshisekedi
est l’homme du centre du pays, Bemba contrôle la province de
l’Equateur et moi je suis fort dans l’Est. Kinshasa aussi est pour
nous. Nous devons nous rendre compte que cette lutte en est une pour
le changement et si nous n’allions pas nos forces, ce changement
n’aura jamais lui. Mais je dois vous dire : à l’heure actuelle
l’alliance va très bien. Très, Très bien !
Koen Vidal :
La Cour Pénale Internationale poursuit maintenant Jean-Pierre Bemba
pour des crimes contre l’humanité. N’est-ce pas très délicat de
conclure à ce moment une alliance avec lui ?
Vital Kamerhe :
L’influence de Bemba en Equateur reste très grande. C’est logique que
moi en tant que dirigeant d’opposition  tienne compte de cela. Mais
surtout ce n’est pas normal que Bemba soit le seul poids lourd
politique en prison. En outre, je ne comprends pas très bien pourquoi
la Cour dans certains dossiers n’arrête que des Congolais. Comme s’il
n’y avait des criminels qu’au Congo. Il faut reconnaitre que cette
attitude constitue un problème. La justice doit appliquer les mêmes
normes à chacun. Pour cette raison moi et mon parti considérons qu’il
vaudrait mieux de mettre Bemba en liberté. La démocratie au Congo
souffre de son absence. J’espère qu’il peut rentrer à Kinshasa pour
qu’il puisse jouer son rôle démocratique.
Koen Vidal :
Contrairement à d’autres personnalités congolaises vous n’avez jamais
été un chef de guerre. Vous êtes surtout connu comme négociateur de
paix. Cette image de colombe de paix vous donne-t-il beaucoup
d’avantages par rapport à vos adversaires ?
Vital Kamerhe :
C’est un aspect très important. Des chefs de guerre et des hommes
politiques ont une autre version. C’est ainsi que moi je considère les
armes en premier lieu comme un instrument de dissuasion, mais en aucun
cas comme un moyen pour conquérir le pouvoir. A ma grande inquiétude
je dois constater que ces derniers moi beaucoup d’armes entrent au
Congo. Avez-vous vu combien de nouveau matériel a été montré au défilé
du 50ème anniversaire de l’indépendance ? Et cela, ce n’était qu’une
partie de ce qui avait été importé. A ce sujet nous nous pausons
beaucoup de questions. Toutes ces armes : à quoi seront-elles
utilisées ?
Koen Vidal :
Votre pays à l’heure actuelle a des relations privilégiées avec la
chine. En échange de grands travaux d’infrastructure la chine peut
accéder aux richesses du sous-sol congolais. Que trouvez-vous de cette
relation ?
Vital Kamerhe :
Dans chaque relation bilatérale les partenaires eux-mêmes doivent
décider où se trouvent leurs priorités et de quelle manière ils
peuvent tirer profit d’un contrat. Les Chinois savaient très bien ce
qu’ils étaient en train de faire et ce qu’ils avaient à gagner. Mais
du côté congolais nous devons nous demander ce que, en réalité, nous
avons perdu et gagné dans ce deal. Si ce deal a connu une mauvaise
issue pour nous, c’est parce que le Parlement congolais n’a pas été
impliqué dans tout le processus.
Koen Vidal :
Si vous devenez président, vous renégocieriez le contrat chinois de
milliards de dollars ?
Vital Kamerhe :
Je ne veux pas renégociez mais le Congo ne peut pas payer un prix
démesuré pour ces travaux d’infrastructure. Le prix de tous ces
travaux publiés doit être conforme au prix du marché international. Et
nous devons vérifier si les écoles, hôpitaux et universités que les
chinois devaient construire selon le contrat, ont vraiment été
construites. Et nous devons demander aux Chinois pourquoi certaines
parties du contrat n’ont pas été réalisées. Ce qui est important c’est
de savoir que le Congo a besoin de collaborer avec le monde entier,
pas uniquement avec les Chinois. Le Congo est un chantier énorme où
chacun peut prendre sa place. Mais le pays appartient en premier lieu
aux Congolais eux-mêmes. Si des étrangers viennent dans notre pays,
ils ne doivent pas penser que chez nous c’est un Eldorado où l’on peut
se servir librement. Ils devront collaborer avec nous d’une façon qui
crée aussi des avantages pour les Congolais : une situation Win-Win.
Koen Vidal :
Le président rwandais Paul Kagame reste une figure clé dans la région
des Grands Lacs. Est-il prêt à s’impliquer dans votre projet ?
Vital Kamerhe :
Je ne crois pas qu’il est déjà prêt. Mais la communauté internationale
dispose des leviers pour que Kagame soit obligé de participer à la
pacification de la région. Le Rwanda n’est pas vivable sans l’aide au
développement de l’occident. Fermez le robinet et Kagame négociera. Si
Kagame pense que je constitue un danger pour lui, il se trompe. Je
suis un très grand partisan de coopération régionale. Par exemple nous
pourrions  exploiter ensemble le gaz méthane du lac Kivu. Nous
pourrions nous inspirer de la façon dent l’Allemagne et la France
après la 2ème guerre mondiale ont commencé à collaborer dans les
domaines du charbon et de l’acier. D’ailleurs je veux de bonnes
relations avec tous nos pays voisins : le Burundi, la Tanzanie ,
l’Angola, l’Ouganda. Nous avons neuf voisins ; la meilleure façon de
sécuriser le Congo, c’est d’établir de bonnes relations avec tous ces
pays.
Koen Vidal :
Mais cette révolution paisible est-elle possible ? Pensez-vous qu’il y
a assez de dirigeants congolais capables et honnêtes pour réaliser
votre rêve ?
Vital Kamerhe :
Mais bien sûr. Je ne suis plus le seul Congolais qui ait des cerveaux
et de bonnes intentions. Nombreux sont les Congolais qui veulent un
meilleur avenir pour leurs pays. Beaucoup parmi eux habitent à
l’étranger : l’Europe, le Canada, les Etats-Unis, etc.… des que nous
aurons réussi à établir l’Etat de droit au Congo, tous ce gens
rentreront au pays. Car ne vous trompez pas : si nous mettons de
l’ordre au Congo, ce sera le meilleur pays du monde. Je dis même plus
: tout le monde voudra passer ses vacances chez nous.  Ne riez pas, je
suis sérieux. Existe-t-il un pays plus beau que le Congo ? Chez nous
on a tout. Si vous aimez les températures chaudes, il faut aller à
Kinshasa ; si vous trouvez qu’il fait trop chaud, allez à Kisangani ;
ceux qui veulent un climat plus frais peuvent allez aux Kivus. Ceux
qui veulent nager : le fleuve Congo et les lacs. Ceux qui veulent voir
des animaux sauvages : le parc nationaux. Nous avons vraiment tout :
des montagnes, des volcans. Tout, tout, tout. C’est un pays
merveilleux. C’est un paradis que nous avons transformé en enfer.
C’est le paradoxe congolais. Le Congo est un pays fantastique, avec un
peuple fantastique mais avec des dirigeants qui depuis 1960 ont
surtout pensé à eux-mêmes. Cela doit changer. De préférence le plus
vite possible. Les élections de l’an prochain constituent une
possibilité pour réaliser ce changement. 2011 : que le meilleur
candidat à la présidence gagne. C’est tout.
Cadre dans l’article de Koen Vidal
Qui est Vital Kamerhe ?
1.      Il est né à Bukavu (Est du Congo) en 1959 ;
2.      La semaine passée il a introduit définitivement sa
candidature pour les élections présidentielles de 2011 ;
3.      Il est le dirigeant d’un nouveau parti : l’Union pour la
Nation Congolaise  ;
4.      Ancien président du parlement congolais ;
5.      Jusque l’année passée confident du président actuel Joseph
Kabila. Il a conduit Kabila en 2006 à une victoire électorale ;
6.      Kamerhe n’a pas accepté que le Parlement ne fût pas impliqué
dans la décision de mener avec le Rwanda des actions militaires dans
l’Est du Congo. Au printemps 2009 on l’a obligé à donner sa démission
comme président du Parlement ;
7.      Il maitrise les 4 longues nationales : Swahili, Lingala,
Kikongo et Tshiluba. Ainsi il a un avantage concurrentiel sur Kabila
que ne parle que le Swahili ;
8.      Il a étudié l’économie et a enseigné. Entre 1992 et 1997 la
fin de la période Mobutu il était conseiller de plusieurs ministres ;
9.      Apres la prise de pouvoir de Laurent-Désiré Kabila (1997) il
devient membre éminent du cabinet du ministre de la reconstruction.
Par après il jouera un rôle dirigeant lors de négociations qui ont mis
fin aux guerres congolaises (1996 – 2003). Ce rôle lui a procuré
beaucoup de respect sur ce plan international, de la popularité et le
surnom ‘’le Pacificateur’.